Nous devons élever nos ambitions à tous les niveaux

Message du Cardinal Peter K. A. Turkson à l’occasion du 5e anniversaire de l’Accord de Paris et de la célébration du Sommet Ambition Climat

A l’occasion du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris et cinq ans après la publication de l’Encyclique Laudato Si ‘, le «cri de la terre et le cri des pauvres» (Laudato Si’, 49) résonne toujours plus fort et avec urgence à nos oreilles . La pandémie à laquelle nous sommes tous confrontés ne peut être une excuse pour l’inaction, elle doit être considérée comme une occasion de mieux reconstruire.

Le Pape François, lors de la mise en place de sa Commission Vatican Covid19, nous a tous invités à unir nos forces, à rêver et à «préparer l’avenir». Il est juste de reconnaître les défis et les problèmes, mais ils ne sont pas à bandir. Une culture de soins renouvelée et une vision économique qui recherche le bien commun, fondées sur la solidarité et le souci de la création, de la participation, de l’égalité et de la justice, peuvent promouvoir un changement transformationnel et sortir l’humanité de cette crise.

Nous avons besoin de toute urgence d’objectifs et d’actions concrets ambitieux visant à réduire drastiquement les émissions de GES d’ici 2030. Des objectifs à long terme allant de 30 ans à 2050 ne suffiront pas si nous voulons sauvegarder la limite cruciale de 1,5° C. Nous attendons en particulier l’Europe, dans laquelle l’espoir et la responsabilité d’un nouvel élan se trouvent, de s’accroître en ce moment et de garantir, qu’elle offre une part équitable des efforts mondiaux requis. Rien de moins de la part de l’Europe ou des autres n’est une réponse adéquate à la science, à ceux qui souffrent ou aux jeunes qui hériteront de nos succès et de nos échecs. L’Accord de Paris est une réalisation essentielle et durement acquise, mais il n’apportera pas la transformation nécessaire sans une transformation significative de la politique et des politiques, mais aussi de notre cœur, de notre esprit, de notre mode de vie et de la manière dont nous nous rencontrons en tant que famille humaine.

Je demande donc à tous les dirigeants politiques, comment allez-vous montrer l’imagination et votre vraie vocation? Dieu nous a confié cette planète et ses glorieuses ressources, quand vous pensez à votre NDC (National Déterminé Contribution), ne le considérez pas comme la vôtre mais plutôt pour l’assurance et protection des biens communs en mettant les plus pauvres et les plus vulnérables au centre.

La manière dont les gouvernements choisiront de dépenser leur argent dans la reprise définira la décennie à venir; et cela doit être fait avec amour et respect pour les générations futures. Pourquoi les pays du G20 accordent-ils 50% de plus de financement de relance Covid19 aux combustibles fossiles qu’aux énergies propres? Les gouvernements doivent arrêter les investissements dans les combustibles fossiles. Les communautés pauvres ont besoin d’une énergie verte moderne et durable; ils ne veulent pas être piégés dans le passé comme cela s’est produit si souvent auparavant.

Les promesses de soutien financier aux pays les plus pauvres pour s’adapter au changement climatique et suivre de nouvelles voies de développement n’ont pas été à la hauteur des attentes; et la crise de la dette qui a étouffé le développement de nombreux pays en développement menace de s’aggraver à nouveau. Il n’y a pas de durabilité sans équité. Les plus pauvres d’entre nous doivent être placés au centre de nos pensées, de nos prières et de nos politiques et plans.

À l’approche de cette année importante (2021), rappelons-nous que nous sommes une seule famille humaine et que nous ne pouvons compter que les uns sur les autres pour prendre soin de notre maison commune,  la terre vivante. «Rêvons donc, comme une seule famille humaine, comme des compagnons de voyage partageant la même chair, comme des enfants de la même terre qui est notre maison commune, chacun de nous apportant la richesse de ses croyances et convictions, chacun de nous avec sa propre voix, frères et sœurs tous. (Fratelli Tutti, 8)