Synode : Pour Mgr Mbuyu, la défense des forêts est un combat de longue haleine
En marge du Synode spécial des évêques sur l’Amazonie, les membres du Réseau ecclésial du Bassin du Congo, REBAC, ont organisé du 16 au 19 octobre 2019 à Rome des activités qui, tout en appuyant le synode en cours, mettent en relief les défis du Bassin du Congo. Mgr Portella Mbuyu, évêque de Kinkala, en République du Congo, était l’un des participants à ces rencontres.
Jean-Pierre Bodjoko, SJ – Cite du Vatican
La démarche du Réseau ecclésial du Bassin du Congo, REBAC est de sensibiliser l’Eglise, l’ensemble des populations concernées, ainsi que les différents responsables pour la défense de toute la richesse de la biodiversité qui caractérise le Bassin du Congo, quant aux espoirs qu’il soulève et garantit. Tout récemment, ce Réseau avait participé aux rencontres organisées au Brésil par le Réseau ecclésial amazonien, REPAM. Une occasion pour partager les expériences et voir les initiatives du REPAM pour la défense de l’Amazonie en tant que Bassin.
Enrichissement mutuel
Mgr Mbuyu a tout d’abord fait remarquer que le Réseau ecclésial du Bassin du Congo vise à sensibiliser et à faire connaître les espoirs du Bassin du Congo. Certes, la situation du Bassin du Congo n’est pas tout à fait la même que celle du Bassin de l’Amazonie, estime-il, mais il préconise l’échange des expériences pour pouvoir s’enrichir mutuellement. En outre, au-delà des différences, les deux Bassins font face notamment à l’exploitation abusive des forêts. Pour l’évêque de Kinkala, la solution durable à ce fléau doit provenir « d’abord de l’interpellation des populations elles-mêmes qui doivent prendre conscience de leurs droits ». Cette prise de conscience face au pillage du bois est d’autant plus urgent qu’au regard de l’hémorragie de la déforestation qui s’opère dans le Bassin du Congo, des actions doivent être menées pour sauver la situation. « Ça donne même des vertiges de voir le nombre de groupes miniers ou de véhicules qui portent des grumes de bois qui passent », déplore-t-il en soulignant que cette « déforestation acharnée est un véritable danger pour l’avenir de notre pays, le Congo ».
La déforestation, mais pas seulement
La déforestation figure, il est vrai, en tête des effets nuisibles qui guette le Bassin du Congo, ce dont Mgr Mbuyu a lancé un appel aux responsables politiques pour qu’ils agissent en conséquence, aux populations locales pour qu’elles prennent conscience de leurs droits, mais aussi à l’Eglise, afin qu’elle prenne davantage en mains son rôle de défense des pauvres qui sont souvent écrasés. Pourtant, à côté de la déforestation, qui est également due au genre de vie des populations elles-mêmes, il y a l’exploitation minière au Congo, indique l’évêque de Kinkala.
Quelle alternative pour le bois de chauffe ?
Mettre un terme à la déforestation pour des besoins domestiques exige, selon Mgr Mbuyu, que les responsables politiques entre autres, puissent « proposer des alternatives idoines pour contrer cet acharnement dans la déforestation qui s’accomplit aujourd’hui ».
Et la communauté internationale dans tout cela ?
L’évêque de Kinkala soutient « qu’au niveau international, il y a déjà une sensibilisation en cours. Il fait, à ce propos, allusion à la COP 21 qui avait mis en œuvre le fond bleu au niveau de l’Afrique centrale, pour veiller à arrêter la déforestation et assurer la protection de l’écosystème. Mais quelle est l’effectivité de ce fond bleu, se demande-t-il, en soulignant que malgré tout la question mérite d’être posée.
De l’aspect pastoral de la démarche
« Il y a un travail qui se fait, mais c’est encore un travail très timide dans le sens de conscientiser les populations au nom justement du respect de la création », affirme Mgr Mbuyu qui salue l’idée de continuer à conscientiser la population au respect de « ce que le Seigneur a donné ». Mais pour cela, reconnait-il, il faut leur proposer des alternatives. Au niveau ecclésial, l’évêque de Kinkala indique « qu’actuellement il y a toute une pastorale des enfants pour planter des arbres systématiquement dans toutes les écoles ». A cela s’ajoute « des coopératives qui sont mises en place pour la défense et la conservation des écosystèmes ».
Un problème d’application des lois
Alors que les initiatives des coopératives tendent à résoudre tant que faire se peut le problème de la déforestation en plantant des arbres, il s’avère que d’autres entreprises ou sociétés viennent exploiter les bois. Face à ce paradoxe, Mgr Mbuyu constate que les lois de la République en cette matière tardent encore à s’appliquer. Il en appelle ainsi à la capacité de la société civile à s’organiser pour « vraiment faire pression sur le pouvoir politique » afin qu’il prenne ses responsabilités. Mais c’est un combat de longue haleine, avoue-t-il. Toutefois, il exhorte en définitive à ne pas cesser d’espérer mais de toujours se tenir debout et de poursuivre la lutte.
Source : www.vaticannews.va