Thème : « Consolider la démocratie et promouvoir l’état de droit en RD Congo

Les journées sociales de cette année ont amené les participants à réfléchir, pendant trois jours, autour du thème de la consolidation de la démocratie et de la promotion de l’état de droit en RD Congo.
Les deux panélistes du premier jour ont analysé tour à tour les raisons fondamentales de l’instabilité politique chronique en RD Congo, les moyens d’y mettre fin et, enfin, la désagrégation de l’ancienne coalition au pouvoir en RD Congo, FCC-CACH, pour voir si l’Union Sacrée actuelle (nouvelle coalition au pouvoir) est une panacée et un gage de stabilité pour les prochaines années.
Au-delà du fait que l’instabilité dans notre pays a plusieurs visages, a rappelé un des panélistes, il est important que les Congolais reconquièrent le contrôle du discours sur le Congo et cessent de sous-traiter leurs problèmes par d’autres. C’est seulement en revendiquant leur souveraineté nationale comme Etat, comme nation, qu’il sera possible de résorber les crises récurrentes et multiformes qui assaillent le pays depuis plusieurs décennies.
Par ailleurs, analysant l’implosion de l’ancienne coalition au pouvoir FCC-CACH et l’avènement de l’Union sacrée, un regard critique montre que cette nouvelle majorité porte déjà les germes d’une instabilité future, étant donné qu’elle souffre du manque, en son sein, d’un noyau homogène et numériquement consistant qui mènerait la barque et faciliterait la recherche du consensus avec les autres parties.
Le deuxième jour a été consacré à l’aspect juridique. Outre l’analyse du système judiciaire congolais et son lien avec l’état de droit et la stabilité politique, les deux panélistes du jour ont également débattu sur les défis de l’application de la constitution en RD Congo.
Quel serait le meilleur système judiciaire pour la RD Congo?, s’est interrogé un des panélistes. N’est-ce pas celui qui garantit l’état de droit et la stabilité politique, en se basant sur les critères de compétence, d’indépendance des magistrats, d’efficacité, d’équité, d’efficience, de respect des délais et de transparence des procédures ?
Cependant, compte tenu des tares dont souffre notre système judiciaire, la société civile est appelée à jouer un rôle de gardien du temple. Elle doit être au centre des étapes essentielles de l’élaboration des lois et de leur mise en œuvre, pour être en mesure de dénoncer les dérapages et les travers éventuels.
Par ailleurs, les panélistes ont souligné que les interprétations de la constitution doivent s’affranchir des manipulations politiciennes et les Juges constitutionnels doivent se départir des intérêts partisans pour dire le droit dans l’intérêt supérieur de la nation.
Le troisième jour et dernier jour est revenu sur les deux derniers aspects du thème des journées, à savoir l’économique et le sécuritaire.
Le premier panéliste a décrypté les crises sécuritaires et leurs rapports à la gouvernance en RD Congo. Il a souligné qu’il est important que la gouvernance politique s’attaque aux conflits latents et évite de « banaliser » les crises sécuritaires, même quand elles semblent dans une phase embryonnaire. Chaque fois que l’on cafouille avec la situation politique, que l’on s’installe dans l’incertitude et que la vie sociale et politique s’enlise, la violence, les conflits, la guerre ne sont jamais loin, a-t-il conclu.
Le deuxième panéliste a discuté de la meilleure approche économique à adopter pour financer la démocratie, garantir la prospérité et consolider la sécurité et la stabilité. La démocratie coûte cher, certes, mais le retour sur investissement en vaut le coût, notamment grâce à l’instauration d’une culture de la redevabilité des élus vis-à-vis de leurs électeurs.
Enfin, concernant le coût élevé des élections, quelques pistes de solution sont envisageables, notamment, élaguer du budget électoral des rubriques qui ne devraient pas dépendre de la CENI et créer un compte d’affectation spéciale destiné à financer les élections
Signalons, pour terminer, que les journées sociales ont été clôturées par la représentante de la Ministre d’Etat en charge de la Justice (empêchée en dernière minute).

Alain NZADI-a-NZADI, sj
Directeur du CEPAS et
Rédacteur en Chef de
Congo-Afrique

e to add your own text